À l’occasion de la Journée Technique AFOCO 2025, plusieurs experts – Pierrick Dupuy, Chef de Projet ALBIOM-H, ALBIOMA, Wolfgang Stadler, Président, REMEX et Jean-Luc Martres, Directeur de Pôle Inertes-Mâchefers, VEOLIA, ont présenté un état des lieux approfondi de la filière Combustibles Solides de Récupération (CSR), ainsi que les perspectives de valorisation des résidus de combustion.
CSR : un levier majeur pour la transition énergétique et la réduction de l’enfouissement
Les CSR sont issus de déchets non recyclables provenant principalement des DIB et des DAE. Préparés pour être utilisés comme combustible alternatif, ils permettent : de réduire la dépendance aux combustibles fossiles, de diminuer l’enfouissement et de créer une nouvelle chaîne de valeur au sein de l’économie circulaire. La filière connaît actuellement une croissance soutenue, avec près de 1 million de tonnes produites par an, et une ambition d’atteindre 2,5 à 3 millions de tonnes en 2030.
- La présentation rappelle les éléments clés du cadre français :
- Loi AGEC et hiérarchie européenne des déchets,
- Stratégie Nationale Bas Carbone,
- Arrêtés du 23 mai 2016 encadrant la préparation et la combustion des CSR,
- Rubrique ICPE 2971 dédiée aux installations CSR.
Cependant, un point essentiel demeure :
Les mâchefers issus des CSR ne disposent pas encore d’une réglementation dédiée, contrairement à ceux issus des déchets ménagers (MIDND).
Un guide méthodologique CEREMA est en préparation pour fournir des bases techniques et encadrer les usages.
Quels résidus de combustion et quels potentiels de valorisation ?
La combustion des CSR génère trois types de résidus :
1. Mâchefers
- Résidus lourds composés de minéraux et de métaux.
- Fort potentiel de valorisation en génie civil : sous-couches routières, remblais techniques…
2. Cendres sous chaudière
- Résidus intermédiaires encore peu exploités.
- Potentiels usages dans les ciments ou matériaux de construction.
3. Cendres de filtres
- Particules fines classées déchets dangereux.
- Nécessitent une stabilisation (vitrification, traitements innovants…).
- La connaissance des caractéristiques physico-chimiques constitue un enjeu majeur pour développer des filières pérennes.
Comparaison avec les MIDND : similitudes, différences et impacts
Les mâchefers issus des CSR se distinguent par des teneurs globalement plus élevées en chlorures et en métaux lourds. Ils présentent également la particularité de ne pas disposer d’un cadre réglementaire spécifique à ce jour, contrairement aux mâchefers d’incinération des déchets ménagers. Enfin, il n’existe actuellement aucun guide technique dédié pour encadrer leur utilisation ou leur valorisation.
L’analogie avec les MIDND peut servir de base, mais des adaptations importantes seront nécessaires pour assurer une valorisation sûre et conforme.
Perspectives : structurer une filière stratégique
Trois leviers ont été identifiés pour accélérer la structuration nationale :
- Renforcement réglementaire : publication du guide CEREMA, intégration progressive dans les normes BTP.
- Expérimentations pilotes : déploiement de projets collaboratifs permettant de tester, valider et sécuriser les voies de valorisation.
- Construction d’une communauté d’acteurs : industriels, collectivités, ADEME : tous ont un rôle clé pour bâtir une économie réellement circulaire autour des CSR.
La filière CSR s’impose comme un pilier de la transition énergétique et de la réduction des déchets en France. Les résidus de combustion ne doivent plus être vus comme des contraintes, mais comme des ressources à valoriser grâce à l’innovation technologique, au soutien réglementaire et à la collaboration entre acteurs.
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